Recrutement en enseignement au Québec : et si rien n’avait vraiment changé?

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Le 31 juillet 2025
Au Québec, l’enseignement traverse une crise silencieuse, mais bien réelle. Selon l’Institut de la statistique du Québec, près de 26% des postes en éducation ne trouvent pas preneur dans les délais prévus. Dans certaines régions, comme l’Abitibi-Témiscamingue ou la Gaspésie, ce chiffre grimpe à plus de 35%. Pourtant, les pratiques de recrutement, elles, n’ont pas réellement évolué depuis 15 ans. La majorité des affichages de postes en enseignement continuent de reproduire les mêmes formulations génériques, axées sur les diplômes et années d’expérience. Peu de place est laissée aux compétences transversales, à l’innovation pédagogique ou aux jeunes finissants. Il serait peut-être temps de revoir les pratiques...
Ainsi, selon un sondage mené en 2024 par le CRHA, 62% des gestionnaires en éducation admettent utiliser le même modèle de description de poste depuis plus de cinq ans. Ce statu quo empêche de capter l’attention de la nouvelle génération d’enseignants, plus mobile, plus technologique et en quête de sens. Dans ce contexte, il devient urgent de revoir nos approches. Car maintenir des méthodes dépassées revient à laisser des classes sans titulaires, fragiliser les équipes existantes et miner la qualité de l’enseignement public. Il ne suffit plus de publier une offre : il faut maintenant séduire, démontrer et accompagner.
Voici trois actions concrètes à poser avant la fin de l’été 2025 pour inverser la tendance.
Descriptions de poste : actualisez-les pour séduire la relève
Les jeunes diplômés en enseignement ne veulent plus de descriptifs vagues et impersonnels. Ce qu’ils recherchent?? Un cadre clair, humain et valorisant. Or, selon l’UMQ, plus de 70% des offres d’emploi publiées par les villes du Québec ne précisent pas les conditions de mentorat ou de soutien pédagogique offerts.
De plus, plusieurs institutions utilisent encore des descriptions axées uniquement sur les exigences académiques, sans évoquer l’environnement scolaire, les outils technologiques utilisés ou la culture d’équipe.
Les RH doivent s’aligner sur la réalité actuelle. En 2025, la pénurie ne concerne pas seulement les enseignants qualifiés, mais les candidats qui se sentent alignés avec la mission et les valeurs d’une institution. Revoir la structure des offres permet de clarifier ce que l’on attend… et ce que l’on offre en retour.
À faire dès maintenant
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Réécrire les descriptions de poste avec des phrases courtes et parlantes
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Valoriser les programmes d’accueil, mentorat et soutien technologique
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Utiliser un ton humain, motivant et adapté à la relève
Présence proactive dans les institutions : bâtir un bassin bien avant août
La majorité des commissions scolaires et cégeps attendent la rentrée pour recruter. Erreur?! En 2025, les étudiants décident souvent de leur futur employeur avant même de terminer leur formation.
Selon Statistique Canada, 45 % des diplômés en enseignement du Québec avaient reçu une offre d’emploi avant la fin de leurs stages. Pourtant, moins de 20% des employeurs publics se déplacent dans les universités ou offrent des conférences ciblées.
Planifier une présence proactive dans les cégeps, universités et foires de l’emploi en juin-juillet permet non seulement de rencontrer les candidats en avance, mais aussi d’établir une image de marque éducative forte.
À faire dès maintenant
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Réserver des plages dans les foires de l’emploi universitaires
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Organiser des visites ou témoignages dans les départements de pédagogie
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Créer des programmes d’observation ou de mini-stages d’été
Page carrière, tests et formation continue : montrez que vous êtes prêts
La page carrière est souvent le premier point de contact. Pourtant, plus de 60 % des pages carrière en enseignement n’ont pas été mises à jour depuis deux ans, selon une analyse de 2025 menée par Emplois Spécialisés.
Il faut aller plus loin qu’une simple liste de postes vacants. Intégrer des vidéos de personnel enseignant, des témoignages, des sections destinées aux jeunes diplômés permet d’augmenter l’engagement et le temps passé sur la page.
En parallèle, mettre à jour les tests ou questionnaires de présélection avec des éléments concrets (situations pédagogiques, valeurs humaines) permet de mieux cibler les candidats compatibles. Et proposer un plan clair de formation continue dès l’embauche devient un avantage concurrentiel majeur.
À faire dès maintenant
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Ajouter des vidéos, témoignages et FAQ sur la page carrière
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Mettre à jour vos grilles d’évaluation avec des mises en situation actuelles
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Prévoir une mini-formation offerte aux nouveaux embauchés dès leur arrivée
Et si c’était maintenant ou jamais ?
Le recrutement en enseignement est à la croisée des chemins au Québec. D’un côté, les besoins explosent?; de l’autre, les pratiques n’ont pas évolué au rythme des attentes des nouvelles générations. Ce déséquilibre mine directement la stabilité de nos institutions éducatives.
Attendre septembre pour agir est trop tard. L’été est le moment décisif pour repenser, tester, améliorer. Mettre à jour vos descriptions de poste, renforcer votre présence dans les écoles et optimiser votre parcours candidat sont des gestes simples… mais qui peuvent changer la donne dès la rentrée.
La qualité de l’enseignement commence par la qualité de ceux qu’on embauche. Et cette qualité se construit avant même qu’ils ne posent le pied en classe.
Il est temps d’agir avec intention, stratégie et audace. Car si rien ne change, les effets se feront sentir… bien au-delà de la rentrée.
Références officielles
- Institut de la statistique du Québec (ISQ)
- CIRANO – Coût du roulement de personnel
- CRHA – Tendances RH en enseignement
- UMQ – Recrutement municipal en enseignement
- Statistique Canada — Diplômés en enseignement et taux d’emploi
Tendances en enseignement